NÉGOCIATIONS ANNUELLES OBLIGATOIRES (NAO) : RÉUNION DU 31 MARS
Le 31 mars s’est déroulée la 3ème et dernière réunion de Négociations Annuelles Obligatoires avec les dernières propositions de la direction.
la Cfdt a demandé 5% d’augmentation générale collective (AG) au 1er janvier 2023 et un talon de 120€ pour les salaires de moins de 2400€ brut (la direction avait proposé 1,8% au 1er avril).
Mais sous prétexte de respect des grands équilibres et de façon plus fallacieuse pour s’assurer de pouvoir distribuer de l'intéressement pour 2023 (évidemment, ça coûte moins cher à l’entreprise et ce n’est pas pérenne dans le temps…), la direction n’a consenti que 2,8% d’AG au 1er avril dont 0,8% rétroactif au 1er janvier.
Pour les bas salaires, des talons seront appliqués :
|
Nous sommes malheureusement bien loin de l’inflation qui, selon l’INSEE est de 6,2% sur 1 an en février 2023. C’est encore plus criant quand on compare cette AG à l'augmentation des prix de l’alimentaire qui dépasse 15%.
Il ne faut pas se laisser berner par les effets d’annonce de la direction et les dates d’application des augmentations générales qui ne sont pas rétroactives, car quand nous faisons le bilan sur 2022 et 2023, les 2 années les plus inflationnaires:
Les AG “atteignent” 2,68% sur 2 ans, ou encore en moyenne, à peine plus de 1,6% par an.
Vu comme ça, c’est beaucoup moins attrayant que la communication de la direction générale, mais c’est pourtant bien la vérité !
Ce ne sont pas les faibles augmentations individuelles, dont seulement 60% des salariés ont profité en 2022, qui vont permettre le maintien du pouvoir d’achat tant l’écart est grand.
Nous nous appauvrissons globalement tous. Et pour 40% d’entre nous, nous nous appauvrissons beaucoup. |
Pour les augmentations individuelles, la direction fait un geste qui ne risque pas de remettre en cause les grands équilibres de l’entreprise : elle passe de 1,2% à 1,3% de la masse salariale pour constituer l’enveloppe qui sera distribuée au bon vouloir de la hiérarchie (SIC…).
Gageons que celle-ci en fasse bon usage, les critères d'attribution restant aussi flous qu’à l’habitude.
ÉLIGIBILITÉ POUR LES AUGMENTATIONS DE SALAIRE :
La Cfdt a demandé à ce que tous les salariés ayant terminé leur période d’essai puissent être éligibles aux AG. Dans leurs précédentes propositions, la direction imposait une ancienneté d’au moins 1 an.
La Cfdt a été en partie entendue : tous les salariés ayant un salaire inférieur ou égal à 2500€ et ayant terminé leur période d’essai bénéficieront des prochaines AG. Les salariés ayant moins d’un an d’ancienneté et gagnant plus de 2500€ n’y auront pas droit.
POUR L’ÉGALITÉ PROFESSIONNELLE :
La Cfdt a demandé qu’1% de la masse salariale (MS) (la direction avait proposé 0,1%) soit consacré à la suppression des écarts de salaire entre les femmes et les hommes. Il est en effet anormal qu’en 2023, dans notre entreprise, des écarts significatifs de salaire entre les femmes et les hommes continuent à exister et la Cfdt, qui a d’ailleurs signé l’accord sur l’égalité professionnelle, milite pour que notre direction frappe un grand coup en cette année.
Malheureusement, nous n’avons que partiellement été entendus puisque le taux passera de 0,1 à 0,3% de la MS, ce qui est là un effort bien maigre.
La Cfdt regrette que la direction générale n’ait pas plus de considération pour l’égalité professionnelle alors qu’elle a aussi signé l’accord : était-ce une façade pour se donner bonne image?
En ne consacrant pas assez de moyens à cette cause, la direction générale accepte de fait que perdurent des inégalités de traitement entre les femmes et les hommes.
HORS NAO : Prime de partage de la valeur :
La direction a proposé lors de la précédente réunion un mécanisme de palier qui ne convient pas à la Cfdt, qui a demandé à ce qu'une proportionnalité au salaires soit appliquée pour plus d’équité.
La Cfdt a été entendue et la direction a adapté sa proposition :
Tranches de salaire (* de base brut à temps plein de mai 2023) |
Prime de partage de la valeur (€) |
< ou = à 2000€ |
1000€ |
> à 2000€ et < ou = à 2500€ |
3000€ - Salaire* |
> à 2500€ et < ou = à 4000€ |
1000€ - (Salaire* x 0,2) |
> à 4000€ jusqu’à 3 fois le SMIC |
200€ |
Toujours hors NAO : tickets restaurant et forfait repas :
La direction a indiqué que la valeur faciale du ticket restaurant passera de 9 à 9,50€, toujours avec une répartition 60% employeur et 40% salarié, et que le forfait repas passera de 18 à 18,50€. Les deux mesures prendront effet à partir du 1er mai prochain.
QUELLES SONT LES CONSÉQUENCES DE CE DÉCROCHEMENT PAR RAPPORT À L'INFLATION ?
Un des indicateurs qui permet de vérifier si l’on s’appauvrit ou pas consiste à calculer le rapport entre son salaire et le SMIC sur plusieurs années. Une évolution à la hausse conclut à un enrichissement et à la baisse, à un appauvrissement. Attention toutefois à bien intégrer le 13ème mois à vos revenus
ET MAINTENANT, QUE POUVONS NOUS FAIRE COLLECTIVEMENT ?
Cette distorsion, maintenant persistante, entre des augmentations faibles au regard des très bons résultats de l’Apave n’est tout simplement pas acceptable !
Il existe un double discours.
- D’une part, la direction prétend vouloir améliorer l'engagement des salariés, révélé faible via la dernière enquête speak-up, où le facteur le plus déterminant est le manque de reconnaissance salariale.
- Et d’autre part, quand la situation économique est favorable comme jamais elle ne l’a été, le levier de la revalorisation salariale n’est pas actionné à la hauteur de l’environnement économique actuel : en 2022 et 2023, le pouvoir d’achat des salariés d’Apave est clairement en baisse.
Cette logique purement financière à court terme, liée à la présence temporaire de PAI Partners, augmente le sentiment d’injustice et le ressenti de mépris.
Sans une réaction forte et durable des salariés, exigeant une considération à la hauteur de leurs efforts, le pari du rinçage de l’entreprise sera gagné au terme du fameux (fumeux ?) plan Boost. Il est clair que les salariés n’auront que les miettes, quand les grands actionnaires partiront avec le gros du gâteau.
Rappelons que ces miettes promises ne permettent pas de remplir le caddie hebdomadaire en cette période d’inflation exceptionnelle (plus de 15% d’augmentation de l’alimentaire de base !) et n’auront qu’un faible impact sur le calcul des retraites.
La Cfdt défend un salaire juste, qui participe au fonctionnement normal de l’économie et non des produits financiers qui profitent essentiellement aux investisseurs avisés. C’est la raison pour laquelle la Cfdt a refusé de signer l’accord sur les NAO. |
Un mouvement social limité, comme cela a été le cas lors de la dernière mobilisation (1,5% de grévistes seulement…), confirmerait auprès de la direction que la voie est libre pour continuer à limiter le partage de la richesse avec les salariés.
Les organisations syndicales, toutes déterminées qu'elles sont, n'ont pas le pouvoir de peser sur les décisions de direction sans un soutien massif des salariés.
Seule une volonté collective forte est à même de faire bouger les choses.
Nous vous invitons donc toutes et tous à participer massivement aux prochaines élections professionnelles qui définiront, à l’issue du premier tour, la représentativité syndicale dans l’entreprise.
C’est à ce moment démocratique que vous aurez l’occasion de donner à vos représentants Cfdt la possibilité d’exercer un rôle de contre-pouvoir indispensable à la défense de vos droits.
La force d’un syndicat tient aussi et surtout au nombre de ses adhérents (lien bulletin) : rejoignez la Cfdt, 1er syndicat de France
Les listes des candidats pour les élections de mai n'étant pas closes, vous pouvez encore contacter les représentants Cfdt pour faire acte de candidature.
_________________________________________