LE RAPPORT D’EXPERTISE SEXTANT : DES CLÉS DE COMPRÉHENSION INDISPENSABLES.

Le cabinet d’expertises Sextant, mandaté par le CSEC dans le cadre des expertises légales, vient de présenter ses deux rapports “Situation économique et financière” et “Politique sociale” pour l’exercice 2022 et les tendances pour l’exercice 2023.

CE QU’IL FAUT RETENIR DU RAPPORT DE SITUATION ÉCONOMIQUE ET FINANCIÈRE :

  • Boost en bonne voie !

Le rapport met en évidence de très bons résultats en 2022 et une tendance identique pour 2023, ce qui est en ligne avec les objectifs de Boost. Cette performance est essentiellement portée par les entités françaises (67% de la progression de chiffre d’affaires et 76% de la croissance de l’Ebitda en 2022), allant au-delà des objectifs.
Même si les diverses restructurations, dont la politique tarifaire via Pricing, ont eu un impact positif, c’est aussi et surtout la performance de chacun en matière de productivité qui a porté ses fruits.
Ces résultats 2022 et les perspectives 2023 montrent que l’entreprise est en ligne avec les objectifs du plan Boost à l’horizon 2026.

  • PAI : Le revers de la médaille !

La plus value attendue par PAI est de 200 M€ en 5 ans, sans risque pour seulement 250 M€ investis, soit un taux de rentabilité minimum de presque 12,5% par an : et après ??
C’est la course à l’endettement qui nous pend au nez, car la sortie de PAI sera conditionnée par l’entrée d’un nouvel investisseur dont le niveau d'exigence de rentabilité sera au moins équivalent.
C’est ce processus de LBO qui a coûté tellement cher à nos collègues de SOCOTEC !
Le LBO, de l’anglais «Leverage Buy-Out », est un terme désignant un montage juridico-financier de rachat d’entreprise par effet de levier (« leverage »), c’est-à-dire par recours à un fort endettement bancaire.

 Le maintien de la croissance ne pourra se faire à terme qu’en accentuant la pression sur les variables d’ajustement que constituent les salaires et les cadences de production.

 

  • APAVE INTERNATIONAL (AI)

AI contribue enfin aux résultats du groupe pour la première fois depuis sa création, mais avec une contribution aux frais de groupe encore très limitée par rapport aux entités historiques françaises.
La Cfdt demande depuis de nombreuses années que des décisions soient prises pour arrêter la gabegie générée par AI, qui dépasse à ce jour 100 M€ de pertes cumulées. Nous avons enfin été entendus et la direction générale a finalement pris les décisions qui s’imposaient comme dans le cas d’ Apave Asie Pacific (anciennement Apave Vietnam) par exemple, où des millions d'euros ont été détournés sous les yeux embrumés de l’ancienne direction.
Deux ans seulement pour redresser la barre : cela interroge sur la volonté des dirigeants historiques de laisser la situation en l'état pendant de si nombreuses années.

 Une conséquence du manque de performances d’APAVE INTERNATIONAL : un impact à la baisse de la participation pour les salariés.

 

La Cfdt demande à la direction une révision des clés de répartition des frais de groupe, pour une répartition plus équitable et de fait, une amélioration de la participation.

En effet, le poids des frais communs de gestion du groupe impacte la participation, car ils sont dans leur grande majorité pris en charge par les SAS France et très peu par AI et Apave Développement : seulement 2% du chiffre d'affaires en 2022 contre près de 13% pour les SAS France.
Cela impacte directement le résultat net des SAS, ce qui de facto pénalise la participation aux bénéfices redistribuée à tous les salariés de l’UES.
Nous pouvons ajouter que le risque fiscal n’est pas nul dans le cas de répartition des frais de gestion qui ne serait pas au plus près de la réalité : notre expert l’a à nouveau rappelé à la direction générale.

Même si les résultats d’AI sont enfin encourageants, nous devons rester extrêmement vigilants car d'après SEXTANT, le potentiel de développement du groupe passera nécessairement par une croissance externe à l’international.

  • CROISSANCE EXTERNE

Même si, selon l’expert, la majorité des achats d’entreprise réalisés en 2022 apparaissent comme économiquement intéressants (pour 2023, nous n’avons pas assez de recul pour en juger), il n’en reste pas moins que certaines acquisitions nous laissent pour le moins perplexes.

C’est le cas de INSPECTFORLESS, société établie à l’Ile Maurice et dont les dirigeants n'inspirent guère confiance. Lors de l’information/consultation, vos représentants Cfdt ont émis un avis défavorable en raison des “risques d’uberisation” de nos prestations, d’absence de maîtrise du portefeuille clients, d’absence du contrôle des prestations, de la qualification des prestataires et d’une exposition du groupe à des risques judiciaires.

C’est le cas également d'OPPIDA, société spécialisée dans la sécurité informatique. Notre direction générale s’est engagée dans cette voie via Apave Digital, mais la Cfdt est plus que réservée quant au choix de l’équipe dirigeante de cette branche du groupe, quand on voit comment a été initié le projet Prisme par ces mêmes personnes et les errements qui en ont découlés.

RAPPORT DE POLITIQUE SOCIALE :

  • Contre toute attente, les objectifs Boost en matière de recrutements ont été atteints. Ceci ne doit pas occulter le fait qu' un nombre conséquent de périodes d’essais n’ont pas été validées et que l’on dénombre un nombre important de départs prématurés des nouveaux embauchés (50% des nouveaux embauchés ont démissionné dans les 3 ans). En outre certain secteur d’activité ou géographique peinent toujours à recruter.
  • La féminisation des métiers APAVE est toujours atone. (taux faible de recrutement de techniciennes).
  • L'alternance se développe tout métier APAVE confondu sous l'impulsion des aides gouvernementales. Il faudra prendre garde à ce que les alternants ne soient pas considérés comme de la main d'œuvre bon marché.
  • L’Expert souligne la faiblesse de l’enveloppe affectée aux rattrapages salariaux F/H. L’enveloppe accordée lors des NAO 2022 était insignifiante au regard des capacités financières du groupe
    0,1% de la masse salariale de janvier 2022, au final 56 k€ : Ridicule et Scandaleux si l’on considère la masse salariale du groupe de plus de 420 M€ !
  • L’expert relève également que le contexte de réduction significative des temps de mission est une source de pression importante sur les intervenants qui doivent arbitrer entre respect du planning et la qualité de la prestation.
  • Le décrochage du salaire par rapport à l’inflation se poursuit pour la moitié des salariés-es.

NAO : DES RÉSULTATS FINANCIERS EXCELLENTS, ALORS ENFIN UN RATTRAPAGE DE L’INFLATION ?

Les informations émanant du cabinet d'expertise SEXTANT et de la direction générale sont sans appel : les résultats et les performances du groupe n’ont jamais été aussi bons. L'entreprise a fait en 2 ans ce qu’elle n’avait pas réussi à faire en 10 ans.

Ces résultats, et personne ne peut le contester, sont le fruit des efforts de l’ensemble des salariés-es.

Même si la direction a forcément joué un rôle, les résultats sont avant tout redevables au travail de tous. C’est bien grâce aux efforts de tous que Monsieur Maillard a la capacité de “faire ses emplettes” parmi le club restreint des entreprises capables de racheter des sociétés et peut donc déployer sa stratégie de croissance externe.

En 2022 et 2023, les augmentations de salaires n’ont pas permis à plus de 50% des salariés de compenser une inflation jamais vue depuis des années. 2024 doit marquer une rupture, car les fondamentaux de la croissance sont là.

 Pour que cette croissance puisse pleinement s’exprimer en cette période d’inflation soutenue, il est essentiel pour la Cfdt, que les augmentations collectives 2024 assurent la sécurité économique de chaque salarié.

 

  • LA TRAPPE SALARIALE

Le cabinet SEXTANT parle de trappe salariale : il a été constaté que des salariés se trouvent systématiquement exclus des augmentations individuelles :

 >> 46% des salariés ont eu moins de 4,6% d’augmentation et 20% ne sont jamais augmentés !

Cet appauvrissement significatif et durable dans une entreprise qui se porte très bien n’est tout simplement pas entendable !
Dans un contexte plus favorable que jamais, un rééquilibrage est moralement et financièrement nécessaire.

Et que dire de la somme ridiculement basse (56 k€ au total en 2022) utilisée pour combler les écarts de salaires entre les femmes et les hommes? La masse salariale globale de l’UES dépassant 420 M€ !
Une cohérence de politique salariale avec les engagements RSE de la direction est attendue par la Cfdt.

L’instant est historique : très bons résultats du groupe et inflation élevée, tout est réuni pour des augmentations générales à la hauteur des enjeux et c’est ce que défendra avec force la Cfdt.

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Version pdf du Bref-info de janvier